
Le jeu de bataille à l'école
"Les enfants d'aujourd'hui n'ont plus le droit de rien faire sur la cour d'école. On les surprotège!"
"Pourquoi montrer aux enfants un modèle dans lequel la violence devient une solution, tout cadré soit-il?"
"J'ai du mal à comprendre l'intérêt d'intégrer des jeux de bataille dans le cadre de l'école avec des enfants qui ne connaissent pas spécialement l'agressivité".
"Chaque individu a un côté agressif en lui mais c'est sa capacité à le gérer qui fait la différence".
Fréquemment
entendu....
Les élèves ont très souvent besoin d'extérioriser un super flux d'énergie. Il suffit d’observer une cour de récréation ou les recoins d’un couloir pour constater qu’ils jouent très souvent dangereusement ou encore qu'ils prennent des risques à se lancer des défis pouvant mettre leur propre sécurité ou celle des tiers en péril.
Dès deux ans, l’intérêt pour les jeux de bataille chez les enfants apparait. Celui-ci est particulièrement présent chez les garçons et peut également être présent chez les filles. Ce type d’activités est inévitable chez les enfants mais souvent mal perçu au sein de la société, particulièrement en milieu scolaire. Les jeux turbulents peuvent pourtant être nécessaires et accroitre les chances de réussite des enfants dans divers aspects du développement (Blaxall, 2014).
Très souvent, les adultes sont désarmés face à ce prétendu jeu entre les enfants. Ils hésitent entre intervenir, au risque de se faire répondre par les élèves que c’est pour rigoler; ou laisser-faire, en pensant respecter de ce fait la liberté de jeux des élèves.
Mais pourquoi tant d'hésitation quand on reconnait que le contexte du jeu est relativement sain pour apprendre à gérer les états émotionnels négatifs tels que la colère, la peur ou la tristesse? (Tremblay, 1987) Puisqu'ils ne sont pas permis par la plupart des codes de vie des écoles, ne serait-il pas profitable de les organiser dans un coin approprié afin de permettre aux enfants de se défouler, de façon sécuritaire?
Qui n'a jamais participé à un jeu tel que "le roi de la montagne", "le policier et le voleur" et "la tag"? Est-ce que cela fait de nous des personnes violentes dans notre quotidien? L'agressivité est-elle notre unique solution face à des situations complexes?
Selon le Rapport du groupe de recherche SÉVEQ (2018), la majorité de la violence se vit sur les cours de récréation, d’où la nécessité d’intervenir. Vous trouverez donc, à l'intérieur de ce site, des informations pour mieux comprendre ces jeux et des outils pour vous aider à les implanter et à mieux les gérer au sein de vos établissements.
La principale crainte des enseignants et de la direction est la réaction négative des parents face à l'organisation d'activités ludiques turbulentes. Dans le cadre de la construction de cet outil, une enquête a permis de recueillir les opinions de parents sur le sujet. Ainsi, 140 parents d'enfants d'écoles primaires ont été sondés. L' échantillon était composé de 80% de mères et 20% de pères.
Les graphiques ci-dessous représentent les résultats de l'enquête. Le premier schéma nous informe du pourcentage de parents en accord avec l'implantation des jeux de bataille. Le second nous indique la réaction des parents en cas de blessure de leur enfant lors de ces jeux. Ce sondage nous a également permis de connaitre le degré d'ouverture des parents à l'idée que leur enfant s'inscrive à un jeu pour se défouler, tel qu'un jeu de bataille. En moyenne, les parents ont un degré d'ouverture de 66%. On constate que les avis restent mitigés, ce qui valide la pertinence de cet outil.
D'où vient l’agressivité ?
L’agressivité est normale et présente chez chacun d’entre nous. C’est un « mode d’expression, une disposition mentale. Il s’agit d’une pulsion fondamentale, d’un état qui n’implique pas la participation d’une autre personne. » (Arseneau, Lampron, Delisle, Beaulieu et Paradis, 2005) L’agressivité peut prendre deux formes. D’une part, elle peut être constructive quand elle permet l’affirmation de soi ou lorsqu’elle favorise le développement ; d’autre part, elle peut être destructive quand elle implique une prise de pouvoir sur l’autre. Elle peut également être une réponse de protection ou de défense contre la violence subie. (Prud’homme, 2004 ; Arseneau et al, 2005) Elle peut s’exprimer par l’agression. Chaque individu connaît l’agressivité mais pas spécialement l’agression. L’agression, quant à elle, est un comportement qui a pour intention de blesser physiquement ou psychologiquement, pour voler ou détruire la propriété d’une autre personne. En d’autres mots, le comportement agressif peut désigner des gestes moteurs pouvant provoquer une blessure physique ou encore des paroles et des comportements désobligeants. Pour bien comprendre l’origine de l’agression, il est essentiel de se questionner sur le contexte social et émotif de l’enfant lorsque cela s’est produit (Massé, Desbiens et Lanaris, 2014). C’est donc un comportement qui est planifié, organisé en fonction d’un but. "L’agression résulterait d’un échec du contrôle de soi, dû à un manque de repères internes clairs et cohérents, à l’absence de supervision de ses actions, ou à une trop faible capacité de contrôle de soi" (Galand, 2009).
« Selon la recherche, parmi tous les jeux de bataille observés chez les garçons d’âge primaire, environ 1% de ces jeux se transforment en réelle bataille.»
(Le centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ), 2016)
Pourcentage de parents en accord avec la mise en place de jeux de bataille à l'école
Réaction des parents en cas de blessure de leur enfant lors d'un jeu de bataille

64%
36%

71%
7%
11%
11%